Évolution des technologies, innovations managériales et nouvelles attentes des salariés, la conception du travail comme on la connaissait est remise en cause et connaît une forte mutation. Depuis maintenant plusieurs années, on rencontre de nouveaux termes, souvent anglophones, pour expliciter tous les nombreux changements dans le travail comme « Digital Nomad » ou encore « Remote worker » et parmi tous ces mots, on retrouve le « Slashing ». Ce terme représente la pratique de plusieurs activités professionnelles et symbolise pour de nombreuses personnes l’avenir du travail.
Qu’est-ce qu’un slasheur ? Pourquoi devenir slasheur ? Qui sont les slasheurs ? Voici notre décryptage !
Parfois orthographié « slasher » ou « slasheuse » au féminin, le terme « slasheur » fait référence au caractère typographique « / » du clavier utilisé pour séparer les éléments. Cet anglicisme a été employé pour la première fois par Marci Alboher dans son livre « One Person/Multiple Careers » en 2007. Il sert alors à désigner les personnes qui cumulent plusieurs emplois ou activités complémentaires.
Le phénomène des professionnels qui cumulent plusieurs emplois n’est pas nouveau. Toutefois, alors que le cumul d’emplois était autrefois la conséquence d’une contrainte financière, ce n’est pas le cas du slashing. Ce dernier ne possède pas cette connotation négative et apparaît davantage comme une revendication claire et affichée de la polyvalence. Le slashing est un choix.
Le slashing gagne en popularité ces dernières années particulièrement avec le développement du freelancing et du statut de micro-entrepreneur. Ces deux évolutions ont permis à de nombreuses personnes de diversifier leurs activités professionnelles. On peut même dire que le freelancing et le slashing ont le même point d’origine : celui de vivre de sa passion, de s’épanouir professionnellement et de sortir du cadre jugé parfois trop étroit du salariat. On observe également plus fréquemment des professionnels qui n’hésitent plus à cumuler les statuts de salarié et de freelance. Le slashing permet alors généralement de tester une nouvelle activité dans le cadre d’une reconversion professionnelle ou de générer un complément de revenus à côté d’une activité salariée.
Dans certains pays comme les Etats-Unis, le slashing s’est particulièrement développé et il n’est pas rare de cumuler deux ou trois emplois.
Les motivations des slasheurs sont diverses. Parmi celles-ci, on retrouve :
Pour 70 % des slasheurs, le slashing est un choix. « On retrouve parmi les slashers deux populations distinctes : celle qui subit la situation de multi-emplois et celle qui le fait par choix », nous explique Thierry Bobineau, directeur marketing au sein d’Horoquartz. Ce mode de vie est donc de moins en moins vécu comme une contrainte. Le slashing représente le refus de la routine professionnelle et la quête de sens et d’ouverture aux possibilités qui s’offrent à nous. Selon une étude réalisée par l’institut Opinionway pour Horoquartz, en 2019, près d’un salarié sur trois souhaiterait mener deux activités salariées en parallèle. Pour ces salariés, cela, permettrait de s’épanouir au quotidien à travers différentes tâches et responsabilités, de vivre ses passions et de réaliser des projets qui leur tient à coeur.
D’après le Salon des micro-entreprises, les pluri-actifs seraient 4,5 millions en France. On retrouve, les jeunes en première position (39 % des moins de 30 ans) et les 30-39 ans en deuxième position avec 30 %. Le pourcentage tombe alors à 22 % chez les 50-59 ans et 19 % chez les plus de 60 ans.
D’après l’INSEE, 1,6 million de personnes cumulent plusieurs activités exclusivement salariées alors que les slasheurs cumulant une activité indépendante avec une activité salariée, représenteraient 500 000 personnes.
Plus des 3/4 des slasheurs exercent leur deuxième métier dans un secteur différent de leur activité principale. Les salariés issus de secteurs comme le BTP (11 %), les services aux particuliers (11 %), ou encore ceux issus du commerce et de l’hôtellerie (11 %), sont ceux qui pratiquent le plus le slashing. Ces secteurs sont ceux qui proposent le plus de contrats courts, de temps partiels et d’horaires atypiques. Le pourcentage est moins élevé (5 %) dans les secteurs plus statutaires comme la banque-assurance, l’industrie ou encore l’administration, au sein desquels le temps plein en CDI est souvent la norme. On remarque aussi que les Bac +3 (24 %) et Bac +5 (27 %) seraient plus ouvert à vouloir devenir « slasheurs ».
Bien que le slashing se généralise, les slasheurs restent perçus par les recruteurs comme des profils atypiques. Par nature, slasher n’exclut en aucun cas la recherche d’emploi ou de mission mais c’est cette raison qui fait généralement peur aux entreprises. Lors d’une enquête de Cadremploi, les recruteurs ont exprimé 3 principaux freins au slashing :
Certains recruteurs (et, heureusement, ils sont de plus en plus nombreux) ont toutefois une vision plus positive des slasheurs. Ils louent leur flexibilité, leur curiosité, leur enthousiasme, leur perpétuelle envie d’apprendre et leur capacité à penser différemment.
Sources